Il ose peindre des natures mortes vues sur plusieurs angles où les objets et les personnages sont décalés les uns par rapport aux autres. Se distinguent trois grandes périodes dans le cubisme : le cubisme analytique de 1908 à 1912, où la couleur est presque inexistante, le cubisme synthétique de 1912 à 1919, où les artistes introduisent le collage sur leurs toiles et le cubisme orphique de 1914 à 1920, terme inventé par Apollinaire, qui tente de se concentrer sur l’expression de la sensation et qui fait référence aux peintures des époux Delaunay.
Au démarrage du mouvement, Braque et Picasso, les brillants précurseurs du cubisme s’emparent de la technique initiée par Cézanne, la peaufinent et délaissent rapidement la vision en perspective pour peindre des toiles en trois dimensions. Les contrastes sont mis en avant, les formes sont simplifiées, de manière très géométrique, à l’opposé de la peinture classique. Les objets sont présentés dans leur globalité, le spectateur peut en admirer toutes les faces, alors qu’il est jusque-là habitué à « voir » et interpréter un tableau d’une manière directe, non contournée. La palette des possibilités s’ouvre, le concept dérange, interpelle, intrigue. Les cubistes ont le souhait de montrer ce qui est peint dans son intégralité, dessinant toutes les caractéristiques de l’objet, du modèle, propulsant sur la toile les infinies possibilités de l’œil s’il pouvait englober toutes les parties, tous les côtés, d’un même élément.
Quelque chose de l’art africain transparaît dans le cubisme, les formes allongées des personnages, les visages semblant être façonnés au couteau, ne sont pas sans rappeler les statues africaines. L’aspect géométrique se rapporte à la vision artistique renvoyée par des continents et des civilisations lointaines. Les tableaux représentent des formes morcelées, déstructurées, et fractionnées dans lesquelles l’artiste adjoint un élément du réel pour appuyer l’identification, donner des indices.
Les volumes sont omniprésents ce qui est tout à fait nouveau pour l’époque.
Fernand Léger, Delaunay, Juan Gris, la nouvelle génération, produisent à leur tour des œuvres magnifiques, dans les années dix. Le début de la Première Guerre mondiale brisera l’élan du cubisme et le mouvement s’étiole, laissant l’œuvre magnifique de ses maîtres.